Qu’est-ce que le bien-être au travail ?

Nous avons tous notre définition du bien-être au travail. En posant la question sur les réseaux sociaux, les réponses qui revenaient le plus souvent étaient :
- la bonne ambiance de travail,
- les bonnes relations avec les collègues,
- les bonnes relations avec son supérieur,
- un environnement de travail de qualité,
- etc.
Une façon de comprendre le bien-être au travail est de se replonger dans son histoire et pour ça, je vous invite à lire mon article « L’évolution du bien-être au travail en Belgique de 1946 à 2027« , accessible en cliquant ici.
Cette évolution du bien-être au travail est également résumée dans une vidéo de 2 minutes 30 qui peut être visionnée sur ma chaîne YouTube en cliquant ici.
Aussi étrangement que cela puisse paraître, le code du bien-être au travail ne prévoit pas de définition du bien-être au travail. Il serait une combinaison de facteurs liés à la sécurité, à la santé, à l’ergonomie, aux risques psychosociaux, à l’embellissement des lieux de travail, à l’hygiène et à certaines matières environnementales.
Ou encore, comme l’a très justement mentionné la psychologue Danara Nyetpaeva pendant son stage auprès de moi :
Le bien-être au travail découle d’une bonne prévention des risques professionnels.
Danara Nyetpaeva
Première étape : la définition de la santé de l’OMS
L’organisation mondiale de la santé définit la santé comme étant :
« un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Organisation mondiale de la santé
Cette définition est reprise dans le premier paragraphe de sa constitution (lisible ici).
Je m’étais alors inspiré de cette définition pour en créer une liée au bien-être au travail et cela donnait : « Le bien-être au travail est un état d’épanouissement physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de stress, de maladies ou d’accidents. »
Cette première définition me plaisait dans la mesure où elle faisait apparaître l’épanouissement global de la personne. Elle présente néanmoins une grosse limite : nulle part, on n’y parle pas du travail et de ses aspects.
Il me fallait trouver mieux. Ça n’a pas été très compliqué, j’ai réalisé quelques recherches, en me doutant que l’Organisation internationale du Travail aurait très certainement dû la prévoir. Et de fait.
Il existe une définition commune OMS/OIT.
Deuxième étape : la définition commune OMS/OIT du bien-être au travail

En page 10 du livre ci-dessus « Psychosocial factors at work and their relation to health » (que vous pouvez consulter en cliquant ici), on peut trouver cette définition commune, dont je proposerai la traduction adaptée :
Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique caractérisé par une harmonie raisonnable entre d’une part les compétences, les besoins et les attentes du/de la travailleur.euse et d’autre part, les exigences et les opportunités de son environnement de travail.
Organisation mondiale de la Santé
Troisième étape : comprendre la définition commune OMS/OIT
J’adore cette définition et pour bien la comprendre, je vous propose de l’analyser et j’espère vous la faire adorer autant que moi !
Le bien-être au travail est un état d’esprit
Avant toute chose, le bien-être au travail est effectivement un ressenti, une construction subjective de l’individu.
Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique
Cette construction subjective est dynamique, c’est-à-dire qu’elle peut évoluer avec le temps. On peut faire le parallèle ici avec le système dynamique de gestion des risques tel qu’il est présenté dans le code du bien-être au travail.
C’est-à-dire que les causes qui provoquent le bien-être (ou le mal-être) au travail aujourd’hui ne seront peut-être pas les mêmes demain.
Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique caractérisé par une harmonie
Ce mot « harmonie » est particulièrement bien choisi. Je vous propose d’en relire la définition :
Harmonie : rapports entre les parties d’un tout, qui font qu’elles concourent à un même effet d’ensemble; cet effet.
Dictionnaire Le Robert Mobile
Cela implique que tous les aspects « positifs » et « négatifs » à la fois de la personne et de son environnement de travail concourent à son bien-être au travail. Les actions qui sont prises pour tenter d’améliorer le bien-être au travail doivent tenir compte de cette globalité.
Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique caractérisé par une harmonie raisonnable
Encore une fois, le mot « raisonnable » a toute son importance et ce, pour deux raisons.
Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que le bien-être au travail consomme des ressources en temps, en argent et en membre du personnel dans les organisations. A mon sens, il faut bien garder à l’esprit la mission première de l’organisation quelle qu’elle soit. Le bien-être au travail reste un outil (indispensable à mes yeux) pour accomplir la mission de l’organisation, le bien-être au travail n’est pas la finalité de l’organisation.
Ensuite, l’adage « le mieux est l’ennemi du bien » est parfois vrai en matière de bien-être au travail. Le bien-être au travail résulte d’un équilibre entre différents aspects positifs et négatifs à la fois du travail et de son environnement de travail, c’est l’harmonie discutée ci-dessus.
On peut légitimement espérer qu’en accentuant certains aspects positifs ou en diminuant certains aspects négatifs, le bien-être au travail s’en trouvera grandit. Cependant, sans connaître les interrelations qu’il peut y avoir entre tous ces aspects, on peut se rendre compte, parfois trop tard, que les initiatives n’obtiennent pas les effets escomptés. Le bien-être au travail est une chimie humaine et organisationnelle, voire parfois une alchimie !
Il faut également garder à l’esprit que le bien-être au travail n’est pas la finalité de l’organisation, il n’en est qu’un des outils et un des objectifs. Cet aspect, combiné au fait qu’atteindre le bien-être au travail relève parfois plus de l’alchimie, nous pousse à croire qu’il n’est pas forcément opportun de rechercher l’harmonie la plus parfaite possible.
Le bien-être au travail est un état d’esprit dynamique caractérisé par une harmonie raisonnable entre d’une part, les compétences, les besoins et les attentes du/de la travailleur.euse et d’autre part, les exigences et les opportunités de l’environnement de travail.
Dans la troisième partie de la définition, il est mis en avant quelles sont les éléments en interrelation constitutifs de cette harmonie raisonnable. Trois éléments sont liés au travailleur :
- ses compétences, les facultés dont il dispose pour pouvoir atteindre un résultat donné,
- ses besoins, ce qu’il a besoin d’avoir à sa disposition pour être pleinement performant dans ses tâches, par exemple des outils, un espace de travail adéquat, etc.
- ses attentes, c’est-à-dire, ce qu’il souhaite retirer comme bénéfices directs et indirects de son travail, comme le salaire, la satisfaction liée au travail, l’impact de son travail sur la société, etc.
Deux éléments sont liés à l’environnement de travail :
- les exigences du travail : ce que l’environnement de travail attend du travail ainsi que ce qu’il met à sa disposition pour y parvenir. Par exemple, traiter x dossiers par jour, dans le cadre de travail qu’il lui est offert avec des collègues à sa disposition en amont et en aval du processus que le travailleur gère.
- les opportunités du travail : ce que l’environnement de travail permet d’obtenir. Cela peut être liés à des aspects de développement professionnel, vers une progression horizontale pour verticale dans l’organisation. Cela peut également être des moments de socialisation et d’échanges humains avec ses collègues (voire les clients ou les fournisseurs, …)
Quatrième étape : mettre en relation la définition du bien-être au travail avec la théorie des Ressources et des Exigences au Travail
ll est difficile de ne pas faire le lien entre la définition proposée par l’OMS et la théorie des Ressources et des Exigences au Travail de Bakker et ses collègues qui est illustrée ci-dessous.

On peut remarquer que trois des cinq éléments de la définition du bien-être au travail se retrouvent dans le modèle de Bakker & Demerouti : les exigences du travail, les compétences (assimilées aux ressources personnelles), et dans une certaine mesure, on peut assimiler les ressources offertes par le travail avec ce dont le travailleur a besoin pour performer.
Les deux éléments qu’il reste dans la définition sont donc : les attentes du travailleur et les opportunités offertes par l’environnement de travail. Ces deux éléments pourraient être des constituants de la fidélité au travail.
En effet, on peut supposer que si les opportunités offertes lui permettent de combler les attentes que le travailleur possède vis-à-vis de son travail, il aurait l’envie, l’intérêt de rester. Alors que dans le cas contraire, si les opportunités offertes par son travail ne lui permettent pas de combler ses attentes, il pourrait avoir envie de poursuivre son développement professionnel ailleurs ?
Quel est votre avis à ce sujet ? Dites-le moi en commentaire !
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